La saison des agrumes touche presque à sa fin et Jean-Jacques, notre Producteur d’agrumes, nous a envoyé cette lettre.
Courrier aux amapiens
Bonjour à toutes et tous,
Il est temps que je prenne un petit moment pour vous donner des nouvelles de l’exploitation. Nous sommes en cours d’achever la saison des agrumes et cela mérite quelques explications.
Depuis que ma production d’agrumes alimente quelques AMAPS sur le continent, je n’ai de cesse de vous informer sur les effets du dérèglement climatique. L’impact sur les cultures se fait de plus en plus ressentir. Pour preuve, s’il en faut encore, ces températures hors du commun en février dont beaucoup d’entre nous s’en réjouissent car ils peuvent profiter des joies de l’eau. Il serait opportun que la population s’en inquiète un peu plus, se pose les bonnes questions et agisse pour préserver ce qui peut encore l’être.
Quelques photos accompagneront cette missive sur lesquelles vous pourrez constater que début février des fraises plein champ étaient prêtes à être consommées, et que les fleurs de pêchers attiraient déjà les bourdons. Ces photos laissent sous-entendre que nous n’avons pas eu de température très basse. Faux, les nuits sont très froides avec parfois même des gelées matinales. Mais les journées sont très chaudes de 15 à 20°. Les plantes, pour sortir de leur phase de repos végétatif ont besoin d’une température du sol de l’ordre de 10 à 12° et depuis quelques semaine c’est le cas. De plus un aspect favorisant cette reprise de la vie est le delta entre les températures nocturnes et diurnes aujourd’hui très élevé.
Tout ceci explique les récoltes de plus en plus précoces et des fins de saisons prématurées. La récolte de clémentine s’achève en décembre, celle d’oranges en janvier et celle de pomelos en mars avril qui étaient les dates de début de récolte pour ces derniers il y a encore seulement 5 à 6 ans.
Les autres conséquences de ce bouleversement climatique sont les tempêtes de plus en plus fréquentes, les précipitations de plus en plus abondantes. Tous ces épisodes surviennent aujourd’hui à des périodes de plus en plus improbables. Depuis 18 ans d’activité sur cette exploitation je n’ai jamais été aussi confronté aux foudres d’Eole. Cette année encore ce fut le cas quelques trois ou quatre fois et les dégâts sont éloquents. A ce titre, à l’occasion des dernières expéditions, les citrons ont été remplacés par des oranges. C’est la première année que la perte de récolte de citrons est aussi importante. Perte qui n’est pas due essentiellement aux chutes de fruits mais aussi à une mauvaise pollinisation en avril « pluviométrie abondante ». La perte de récolte est évaluée à environ 12 tonnes de fruits. C’est pourquoi les citrons manquants seront remplacés soit par des oranges tant qu’il m’en reste soit par un complément de pomelos.
Certains amapiens sont surpris de l’accroissement de la maturité des fruits d’un même colis entre les fruits consommés à l’arrivée et ceux consommés quelques semaines plus tard. Les fruits ne murissent pas, ils perdent leur eau et de fait le taux de sucre s’élève. Un fruit ne peut mûrir que sur l’arbre par la photosynthèse.
J’espère que cette lecture n’a pas été trop longue ni fastidieuse. Pour ce qui concerne l’exploitation, quelques mots pour vous informer de l’avancée de sa restructuration. Cette année encore une nouvelle plantation d’oranges en mars ou avril et une prévision de renouvellement du verger de clémentines et pomelos dans les prochaines années.
Bonne journée ou soirée à toutes et tous.
Jean-Jacques Laurent